14 décembre 2018

Peut-on dire « faire le saut en politique » ?

Dans la presse québécoise, on rencontre très fréquemment l'expression « faire le saut en politique ». Dans Le Journal de Montréal, elle est présente dans pas moins de 121 articles (décembre 2018). Elle est aussi très courante dans les autres médias. En voici des exemples :
« Gestionnaire de choc du réseau de la Santé, Gertrude Bourdon va faire le saut en politique, mais pour le Parti libéral.  » (La Presse, 22 août 2018).
« Enrico Ciccone fait le saut en politique et se portera candidat pour le Parti libéral du Québec (PLQ) aux élections du 1er octobre prochain. » (Radio Canada, 8 août 2018).
« Chantal Rouleau fait le saut en politique provinciale avec la CAQ » (Metro, 27 février 2018).
Une expression très courante, mais qui pose problème… Que veut-elle dire ? D'où vient-elle ? L'expression est étrange parce qu'en français, on connait les expressions saut en longueur, saut en hauteur ou saut en parachute, mais pas saut en politique
Si le saut en politique devenait un sport comme le saut en longueur ou le saut en hauteur ou le triple saut, nous autres au Québec, nous collectionnerions certainement les médailles olympiques...
En réalité, comme dans bien des cas lorsqu'il s'agit de la langue de la politique,  on a affaire à un calque de l'anglais. Un calque est une traduction littérale, une traduction mot à mot. C'est, pour reprendre l'expression du poète québécois Gaston Miron, du traduit de l'anglais, du traduidu.
En effet l'anglais dit to jump ou to leap into politics. Cela correspond en fait au français se lancer en politique.
On pourrait y voir aussi un télescopage entre deux expressions : faire le saut, c'est-à-dire prendre une décision importante qui implique totalement, et se lancer en politique. Avant de se lancer en politique, il faut se décider à faire le saut. « Il pense se lancer en politique, mais il n'est pas encore prêt à faire le saut. », c'est-à-dire à franchir la pas... 
Ou bien encore, les deux facteurs (interférence de l'anglais et télescopage des deux formes) ont pu s'additionner.
Dans tous les cas, il faut éviter de l'employer.
Mots clés : traduction; anglais; français; français canadien; français québécois; anglicisme; calque; langue de la politique; parlementarisme; to jump into politics; to leap into politics; faire le saut en politique; se lancer en politique.

Origine et caractéristiques de la « langue de bois ».

Historiquement, l'expression « langue de bois » a servi à désigner la langue des dirigeants communistes soviétiques.
C'est une langue impersonnelle, dans laquelle il n'y a pas de je, pas de tu, mais la 3e personne. Les dirigeants ne parlent pas en leur nom mais, au nom du comité central du parti communiste de l'U.R.S.S. (P.C.U.S.), ils s'adressent au peuple soviétique. C'est une communication à sens unique, où rien n'est laissé au hasard, où chaque mot, chaque expression est pesée.
Contrairement à la langue vive, c'est une langue lourde, pesante, rigide « comme du bois ». D'ailleurs, en russe, on connaît les expressions « langue de chêne » ou « style de chêne » (« дубовый язык, дубовый стиль »). Elles désignaient la langue et le style lourds et difficilement compréhensibles de l'administration tsariste.
C'est une langue idéologique, imprégnée de concepts et de terminologie marxistes (matérialisme dialectique, matérialisme historique, déterminisme, bon qualitatif, capitalisme, socialisme, bourgeoisie, prolétariat, lutte des classes, etc.).
C'est aussi une langue manichéenne maniant les oppositions binaires (peuple vs bourgeoisie; exploiteurs vs exploités; amis vs ennemis; capitalisme, impérialisme vs socialisme).
C'est une langue manipulatrice. Elle n'a pas pour fonction d'exprimer la réalité, mais d'imposer au peuple soviétique et aux étrangers une perception de la réalité, celle du P.C.U.S.; une langue de mensonge, qui affirme que le plan quinquennal a été « rempli et dépassé », alors que les statistiques sont truquées, que l'armée soviétique est entré en Tchécoslovaquie en 1968 pour lui apporter son « aide fraternelle », alors qu'en fait il s'agissait d'une invasion pure et simple.
C'est une langue avec un lexique et un style répétitifs : vocabulaire guerrier (camp socialiste, provocation, victoire); épithètes de nature  (classez laborieuses, union indéfectible, avenir radieux); oxymores (légalité révolutionnaire, centralisme démocratique, démocratie socialiste); slogans (« tout le pouvoir aux soviets », « l'homme, capital le plus précieux », « la vie est devenue meilleure, la vie est devenue plus gaie » sous Staline, « rattraper et dépasser l'Amérique » sous Khrouchtchev); clichés, images stéréotypées (« l'amitié des peuples de l'U.R.S.S. »); hyperboles (pour les succès) et euphémismes (pour les échecs).
L'expression (parfois appelée ironiquement « xiloglossie ») a fait florès et s'est transportée en Occident dans les années 1980. Plus généralement, de nos jours, elle sert à désigner un langage politique insincère, permettant à ceux qui l'utilisent de ne pas reconnaître la réalité (de leurs torts, de leurs contradictions, de leurs échecs) et de présenter une version qui leur est beaucoup plus favorable.
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Bibliographie : 
THOM, Françoise, La langue de bois, Paris, Julliard, 1987.
DELPORTE, Chritian, Une histoire de la langue de bois, Paris, Flammarion, 2009.
GUILLERON, Gilles, Langue de bois, Décryptage irrévérencieux de politiquement correct et des dessous de la langue, Paris, First, 2010.
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Mots clés : langage de la politique; langue de bois; дубовый язык; дубовый стиль; parti communiste; P.C.U.S.; U.R.S.S.

13 décembre 2018

Méfiez-vous des traductions automatiques !


J'ai voulu vérifier le sens de cette phrase en ukrainien lue sur Facebook : « Так багато не постіть гарних знимок, а то приїдемо до вас в гості. » Google Traduction m'a donné cette traduction « française » : « Donc, ne postez pas beaucoup de bonnes écumes, ou nous viendrons vous rendre visite. » Phrase absurde. Étonnement de ma part. Que vient faire cette « écume » dans cette phrase ?
Je fais l'essai de traduire la phrase ukrainienne directement en anglais. Google Translation me donne : « So do not post a lot of good scum, or we'll come to visit you. » Je retrouve mon « écume » (« scum ») ! Je comprends alors que les traductions passent par l'anglais qui fait office de langue-pivot.
Ma connaissance du russe me fait penser que l'ukrainien знiмок est l'équivalent du russe снимок, c'est-à-dire « photo », les deux langues étant apparentées. C'est tout à fait en rapport avec le contexte, la phrase se trouvant au-dessous d'une série de photos.
Je décide alors de demander à Google Translate la traduction russe de la phrase ukrainienne. J'obtiens : « Так много не поститесь хороших снимков, а то приедем к вам в гости ». Résultat nettement supérieur - quoique поститесь me semble plus que curieux (поститесь* ou постите ?) - mais au moins знiмок est bien traduit.
Je comprends que la phrase en ukrainien doit se lire comme ceci en français : « Ne postez pas (ou ne mettez pas en ligne) de si belles photos, sinon nous irons vous rendre visite ».
Contre-vérification : Je veux savoir comment Google Translate traduit en français sa version russe (« Так много не поститесь хороших снимков, а то приедем к вам в гости »). Le résultat est épouvantable : « Beaucoup ne jeûnent pas de bonnes images, sinon nous viendrons vous rendre visite. » !!! Charabia incompréhensible. Google Translate a confondu постить (mettre en ligne, publier, poster) et поститься (jeûner) ! Il n'a pas été capable de trouver le sens exact de снимок (photo), alors qu'en anglais, il le donne correctement (picture)…
Conclusion : Méfiez-vous des traductions automatiques… et faites des vérifications et des contre-vérifications en passant si possible par plusieurs langues…

* поститься : воздерживатьcя от скоромной пищи во время поста, соблюдать посты.

Résumé (Les formes fautives sont en gras)

1. ukrainien (version légèrement corrigée par Google Traduction).
Так багато не постіть гарних знимок , а то прийдемо до вас в гості.
2. ukrainien-français
Donc, ne postez pas beaucoup de bonnes écumes, ou nous viendrons vous rendre visite.
3. ukrainien-anglais
So do not post a lot of good scum, or we'll come to visit you.
4. ukrainien-russe
Так много не поститесь хороших снимок, а то приедем к вам в гости.
5. ma traduction
Ne postez pas de si belles photos, sinon nous irons vous rendre visite.

Mots-clés : traduction automatique; ukrainien; français; anglais; russe; Google Translate; Google Traduction.

08 décembre 2018

Doit-on dire humanisme ou humanité?


Dans son Discours d'ouverture, François Legault, le premier ministre du Québec, a déclaré : « Le gouvernement est aussi déterminé à insuffler une bonne dose d'humanisme dans les soins prodigués aux aînés. »
Une bonne dose d'humanisme, vraiment ?
En fait, cet emploi du mot humanisme dans ce contexte est une impropriété. Ce mot désigne en réalité une « 1) Philosophie qui place l'homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs. 2) [un] Mouvement intellectuel qui s'épanouit surtout dans l'Europe du xvie siècle et qui tire ses méthodes et sa philosophie de l'étude des textes antiques » (Larousse). L'humanité désigne la bienveillance à l'égard d'autrui. Il convient donc d'apporter « une bonne dose d'humanité » dans les soins prodigués aux personnes âgées.

Mots-clés : français; humanisme; humanité; impropriété; Discours d'ouverture; premier ministre; Québec; François Legault.

04 décembre 2018

Méfiez-vous des langues-pivots… surtout s'il s'agit de l'anglais.


Petit exemple : traduire Il pleut des cordes en italien.
 
Avec Google Translation, cela donne Piove gatti! "Il pleut des chats"! Pas étonnant en anglais, Il pleut des cordes se traduit normalement It's raining cats and dogs. Si l'on demande comment se traduit Il pleut des cordes en russe, on obtient : Идёт дождь кошек! Littéralement Il y a une pluie de chats! Pas étonnant non plus quand sait (encore) qu'en anglais Il pleut des cordes se traduit par It's raining cats and dogs
Mais si on essayait de traduire en italien et en russe en passant directement par l'anglais, qu'est-ce qu'on obtiendrait ? Sеrait-ce meilleur ou pire? Eh bien, on obtiendrait de bonnes traductions… Piove a secchiate en italien, Льёт как из ведра en russe.
Le plus curieux, et le plus frustrant, pour un francophone, c'est que, même dans ce cas, Google Translation rate son coup avec le français. Quand on lui demande comment se traduit It's raining cats and dogs en français, on obtient très bizarrement Il pleut des seaux d'eau! Encore à côté de la plaque… Pourtant, en français, le choix est vaste : Il pleut des cordes/à verse/à seaux/à torrents, etc. mais pas des seaux d'eau
Décidément, il y a des choses à améliorer chez Google.Translation.

Mots-clés : traduction automatique; Google Translation; langue-pivot; anglais; français; italien; russe; It's raining cats and dogs; piove a secchiate; pleuvoir à seaux; лить как из ведра.

L'influence de la langue de la marine sur le français québécois.


On observe en français québécois la présence de plusieurs termes de marine. Au Québec, le sens originel de ces mots de la mer a été étendu à des contextes terrestres. En voici une liste :



allège : FdR (français de référence ou français des dictionnaires) mar. (marine) embarcation servant à charger ou à décharger un navire; lège : mar. vide ou incomplètement chargé. FdQ (français du Québec) un camion qui voyage allège (vide ou presque vide).

arrimer : FdR mar. sur un navire, disposer méthodiquement le poids du chargement et le fixer solidement; par extension fixer solidement; FdQ arrimer qch. à qch.; s'arrimer à qch. : le fixer (plus général).

bateau : FdQ manquer le bateau (peut-être aussi influence de l'anglais to miss the boat). FdR rater une occasion; louper/manquer/rater le coche.

bord : FdR partie supérieure du côté d'un navire. FdQ synonyme de côté, d'où l'expression de tous bords de tous côtés (de partout);  traverser de l’autre bord de la rue (de l'autre côté); de quel bord vient le vent ? (de quel côté/de quelle direction?); prendre le bord (passer par-dessus bord, être jeter); virer de bord (se dit en France dans le sens de changer de parti); se revirer de bord; tenir son bord (se défendre); etc.

bordages : FdR partie d'un navire située en-dessous du bord; FdQ bordure de glace le long des cours d'eau, des lacs; tas de neige accumulé de chaque côté d’une route par un chasse-neige.

bordée de neige : FdR puissante décharge simultanée des canons d'un même bord, d'où bordée d'injures; FdQ bordée de neige : forte chute de neige; régional en France; on trouve  chez Georges Duhamel l'expression « bordée de grêlons ».

caler : FdR faire descendre dans l'eau; s'enfoncer dans l'eau en parlant d'un navire; FdQ s'enfoncer : caler dans la neige (s'enfoncer dans la neige); descendre : caler une bière (avaler, descendre, siffler une bière).

cap : FdR pointe de terre qui s'avance dans la mer; FdQ le cap Diamant, avancée de terre sur le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Québec.

coqueron : FdR (de l'anglais cookroom) compartiment extrême de la coque d'un navire servant souvent de réserve, de citerne à eau; FdQ local exigu dans une maison, réduit, cagibi.

chaloupe : FdR embarcation dont on se sert dans les ports et qu'on embarque sur les navires; FdQ barque de pêche ou de plaisance.

débarcadère :  FdR lieu aménagé pour le débarquement et l'embarquement des passagers et des marchandises; vx partie d'une gare de chemin de fer, quai où débarquent voyageurs et marchandises. FdQ débarcadère d'autobus, zone de débarcadère (zone de livraison à terre).

débarque : FdR débarquement de marchandises. FdQ prendre une débarque (faire une chute, prendre une bûche/gamelle/un gadin; échouer dans quelque chose).

débarquer : FdR descendre d'une embarcation, par extension d'un train ou d'un avion. FdQ débarquer d'un autobus, d'un char (descendre); débarque du toit (descends); débarque de dessus moi (descends).

dégréer : FdR ôter le gréement d'un navire. FdQ dégréer la sucrerie (enlever son matériel); dégréer la table (débarrasser la table); se dégréer (enlever son manteau).

embarquer : FdR faire monter à bord d'un navire; par extension d'un avion; faire monter à bord d'un moyen de transport quelconque (plus rare). FdQ embarquer dans un char (monter dans une voiture); embarquer sur un cheval (monter sur un cheval); sur une clôture; sur un toit; embarquer sur une rue (s'engager dans une rue, prendre une rue).

envoye ! FdR envoyez! terme de commandement dans la marine pour exécuter une manœuvre. FdQ envoye ! incitation à agir (allez!, vas-y!).

erre d’aller : FdR vitesse acquise d'un navire sur lequel n'agit plus le propulseur, d'où l'expression se laisser glisser/vivre sur son erre. FdQ erre d'aller : être sur son erre d’aller.

gratte : FdR outil à main servant à racler les parties d'un navire (carène, pont). FdR outil servant à racler (racloir, raclette); engin de déneigement (chasse-neige).

gréement FdR ensemble du matériel mobile, situé sur le pont ou au-dessus et nécessaire à la propulsion et à la manœuvre d'un bateau à voiles. FdQ ensemble du matériel, de l'équipement d'une ferme (gréement de ferme), d'une sucrerie (gréement de sucrerie), etc.

gréer : FdR garnir un navire de son gréement (voile, cordages, poulies). FdQ équiper (gréer une ferme); équiper en vêtements; équiper, préparer (gréer les enfants pour l'école); se gréer. On disait plutôt populairement gréyer, se gréyer.

haler : FdR mar. tirer sur, remorquer. FdQ haler des billes de bois (les sortir du bois, les débusquer); haler le couverte à soi (tirer la couverture à soi).

mousse : FdR jeune garçon de moins de 16 ans qui fait son apprentissage sur un navire. FdQ petit mousse (petit garçon).

nordet : FdR mar. vent du nord-est.

noroît : FdR mar. (Ouest de la France) vent du nord-ouest.

palanter : FdR palanquer : monter ou descendre avec un palan.

paré : FdR mar. être paré : être prêt (à exécuter une manœuvre).

pontage : FdR manière dont un navire est ponté. FdQ pavage en bois d'une étable (réparer le pontage).

prélart : FdR grosse toile imperméabilisée servant à protéger les marchandises et les embarcations d'un navire; FdR sorte de revêtement de sol dans les maisons; linoléum.

radoub : FdR entretien, réparation de la coque d'un navire. FdQ faire des radoubs (des réparations à une maison).

radouber : FdeR remettre un navire en état par un radoub. FdR réparer (dans la maison).

revirer : FdQ se revirer : se retourner. Se revirer sur un dix cennes (dix cennes : pièce de dix cents; réagir très vite, être très réactif).

suroit : FdR mar. vent du sud-ouest.

touer : FdR faire avancer une embarcation en tirant sur une amarre, un câble ou une chaîne qui mouille au fond de l'eau. FdQ remorquer un véhicule en panne ou enlever un véhicule mal garé (influence de l'anglais to pull something behind one using a line or chain; to haul, et surtout to haul : to transport by drawing or pulling, as with a motor vehicle; to tow : remorquer, haler). 

touage FrR action de faire avancer une embarcation en tirant sur une amarre. FdQ remorquage d'un véhicule en panne ou enlèvement d'un véhicule mal garé (influence de l'anglais towing).

traversier : FdR petit navire de pêche et de cabotage des environs de La Rochelle; barque traversière : barque utilisée pour faire le va-et-vient entre deux points proches. FdQ bac, ferry-boat, ferry.

vadrouille : FdR mar. balai fait de vieux morceaux de cordages fixés au bout d'un manche, utilisé pour le nettoyage du pont d'un navire. FdQ balai à franges utilisé dans les maisons.

virer : FdR mar. changer de direction; vx ou région (Ouest, Québec) tourner; virer de bord (sens propre et figuré). FdQ changer de direction (à terre).



Domaines recouverts par ces extensions de sens :



- Phénomènes atmosphériques et géographiques : banc de neige (sur le modèle de banc de sable ou de l'anglais snowbank ?), bordée de neige, bordages, cap (cap Diamant), nordet, noroit, suroit.

- Bateau : manquer le bateau (influence de l'anglais to miss the boat).

- Parties du bateau : bord (et ses nombreuses expressions), coqueron (anglais cookroom), chaloupe, pontage.

- Équipement du bateau : gréement, gratte, prélart, vadrouille.

- Manœuvres du bateau ou manœuvres à bord du bateau : arrimer, caler, débarquer, débarque (prendre une débarque), débarcadère, dégréer, embarquer, envoye!, erre d'aller, gréer, haler, palanter, paré, radoub, radouber, touer (influence de l'anglais to tow), touage (influence de l'anglais towing), traversier, virer de bord, (se) revirer.



De la langue de la mer à la langue de la terre



Les mots du langage des marins ont été transportés à terre et, par extension de sens, adaptés à de nouveaux besoins d'expression. Par exemple coqueron a servi à désigner un réduit, un cagibi dans une maison; chaloupe à désigner une petite embarcation non pontée, une barque, sur un cours d'eau ou un lac; prélart à désigner un revêtement de sol, un linoleum, dans une maison; caler à désigner  l'action de s'enfoncer dans la boue ou la neige; embarquer à désigner l'action de monter dans toutes sortes de véhicules terrestres; débarquer à descendre de toutes sortes de véhicules terrestres; haler à tirer un objet ou un véhicule sur la terre; touer à remorquer un véhicule terrestre, etc.



Plusieurs de ces mots sont vieillis ou en perte de vitesse du fait des changements intervenus en quelques générations (passage d'une économie agricole à une économie industrielle puis à une économie de service; apparition des moyens de communications modernes, Internet, etc.). Mais d'autres sont toujours très vivants.



Exemples tirés de la presse québécoise :



« un camion-remorque (camion de dix-roues) doit rouler plus allège de deux tonnes et demie depuis le 21 mars » (L'Express du dimanche, 24 avril 2005).

« Avec un taux de divorce de plus de 55 %, et une diminution dramatique du taux de natalité, les valeurs familiales ont aussi pris le bord, même si la famille est le fondement le plus primaire de notre société. » (Rive-Sud Express, 29 novembre 2011).

« La neige qui tombe sur le terrain et l'entrée privée doit être déposée sur le terrain privé. Quant à celle du bordage laissée par la gratte, elle peut être déposée sur ce bordage. Jamais dans la rue ou sur le trottoir. » (Courrier Frontenac, 24 décembre 2008).

« Et si j'ai bien vu des traces, c'était des traces de charrues qui laissaient dans leur sillage des vagues d'écume. En réalité, des maudits bordages de neige compressée qu'il faudra pelleter à bout de bras par-dessus les autres bancs de neige et qui vont mettre à l'épreuve mes muscles pas encore désendoloris de la tempête précédente. » (Le Nouvelliste, 23 décembre 2008).

« Quant à la journée même de Noël, elle s'égrenait tranquille avec les jeux dans la neige ou les coups de patin sur les bordages du fleuve. Voilà mes souvenirs de ce temps. » (Le Nouvelliste, 24 décembre 2004).

« Aussitôt qu'une bordée de neige tombera, l'équipe du parc pourra se mettre au travail pour tracer les sentiers de ski de fond, de raquette et de marche nordique. » (La Presse, site Web, 7 décembre 2011).

« On perdait parfois nos bottes égueulées en calant dans la neige, et on rentrait, trempés, épuisés, gelés, heureux. On skiait, fouettés par le vent, glacés jusqu'à la moelle. » (Le Quotidien, 21 décembre 2010).

« La Chambre de commerce veut redonner un accès à la rivière aux plaisanciers en lançant un projet de marina. "Il n'y a plus de services pour les propriétaires de bateaux. C'est même très difficile pour les pêcheurs de mettre leur chaloupe à l'eau alors qu'il y a déjà eu jusqu'à 72 bateaux. » (Le Quotidien, 26 août 2011).

« Un premier accrochage survient quelques coins de rues plus loin. Vallée débarque de son auto pour constater les dégâts. Il se réinstalle derrière le volant en disant vouloir simplement déplacer son auto. Sauf qu'il prend la fuite. » (Le Soleil, 30 juin 2009).

« Et la question qui tue: où est la ligne de démarcation sur la "publicité acceptable" pour un élu ? Dans le doute, abstenez-vous. Une fois qu'on embarque dans ce train-là, il est toujours difficile de débarquer. » (Le Droit, 16 décembre 2011).

« Il avait 200 livres à supporter à chaque fois qu'il embarquait ou débarquait de sa chaise. Il fallait qu'il travaille fort avec ses bras. Et c'est avec ses bras qu'il devait faire ses traitements de dialyse. » (Le Droit, 28 janvier 1998).

« Il y a les bretelles pour embarquer sur le boulevard Bourque. » (La Tribune, 9 août 2004).

« Deux équipes de deux s'affrontent dans un combat sans merci afin d'être celle qui jettera l'autre équipe à l'eau. Il est important que la personne qui embarque sur vos épaules pèse moins que vous pour éviter les gros maux de dos. » (Progrès-Dimanche, 14 juillet 2002).

« Par conséquent, l'alternateur génère de l'électricité juste sur l'erre d'aller de l'auto, pas à l'accélération. » (La Presse, 9 décembre 2011).

« La machine la plus photographiée ici n'est pas une auto, c'est ceci : une gigantesque locomotive à vapeur construite en 1941 pour haler plus de 160 wagons de charbon entre les mines du Kentucky et le Midwest industriel. » (Cyberpresse, 8 juillet 2011 [musée Henry Ford]).

« Quand nous arrivons à l'auberge, Gilles s'aperçoit qu'un client, qui n'est pas de notre groupe, a oublié de secouer et de déglacer sa monture. Celle-ci est totalement figée. À six, nous parvenons à la haler et à la pousser dans le garage pour qu'elle dégèle au chaud. » (L’Actualité, 1er janvier 2010).

« Dans le temps, on charroyait le bois commercial (résineux et cèdres) avec nos chevaux. Notre "Black", notre "Pit noir" n'avaient pas leur pareil pour haler les chargements. Souvent, dans la neige jusqu'aux genoux. » (Progrès-Dimanche, 28 mars 2004).

« Le documentaire de Michel Lam ...et la musique n'est pas une entreprise de conversion à la pertinence absolue des arts dans tout bon système d'éducation. Il laisse plutôt en tête l'image d'un petit mousse de 6 ans, blond comme les blés, apprenant qu'il aura un jour besoin d'un violon plus grand, et qui demande: "Ça grandit, un violon?". » (La Tribune, 2 mai 2009).

« Pour des interventions plus sécuritaires, la Commission de la santé et de la sécurité au travail oblige maintenant les compagnies de remorquage à utiliser deux camions pour touer un véhicule sur les autoroutes de la grande région de Montréal : une dépanneuse et un véhicule de protection. » (Radio-Canada, Le Téléjournal, 1er mars 2006).

« Des manifestants équipés d'accessoires de nettoyage incluant une vadrouille géante visitent les bureaux du ministère des Affaires étrangères afin "d'y nettoyer l'influence de l'industrie pétrolière" » (La Presse canadienne, 1er décembre 2011).

« Époussetez, passez l'aspirateur et passez la vadrouille humide pour enlever la terre et la poussière, les principales sources de plomb chez les enfants de moins de six ans. » (Québec Hebdo, 13 novembre 2011).

« La crise en Europe nous envoie un message: on ne peut pas indéfiniment augmenter notre dette sans souci. Il faut une gestion prudente parce que la situation peut virer de bord rapidement. » (La Presse Affaires, 12 août 2011).

« Il aurait bien aimé installer un pont flottant pour permettre aux cyclistes de joindre les deux rives de la rivière Saguenay […]. Il entend trouver une solution pour s'assurer que les gens n'auront pas à virer de bord au bout de la piste cyclable. » (Le Quotidien, 16 juin 2011).

« C'est comme ça la politique. Le vent peut virer de bord du jour au lendemain mais il faut accepter le verdict et se retrousser les manches. » (La Tribune, 4 mai 2011).


Mots-clés : français; français québécois; influence; langue de la marine.




23 novembre 2018

Des mots « interdits » à l'Assemblée nationale du Québec(1).


 
Analyse de deux documents provenant des services de l'Assemblée nationale du Québec.

Recueil de décisions concernant la procédure parlementaire – Propos non parlementaires – Commissions - 6 février 2018.

Recueil de décisions concernant la procédure parlementaire – Propos non parlementaires – Assemblée – 19 septembre 2017.

Ces deux documents donnent, sans préambule, sans explication, une liste de mots et d'expressions qualifiés de « non parlementaires ». La liste compte environ 360 mots et expressions pour l'Assemblée et 110 pour les Commissions. Chaque mot ou expression répertorié dans ces Recueils est accompagné d'une source (le Journal des Débats), du nom de son auteur et de la date du « forfait ».

L'expression « propos "non parlementaires" » est un euphémisme(2) pour ne pas dire « propos interdits au Parlement ». On doit comprendre qu'il est interdit aux députés d'employer ces mots ou ces expressions dans la salle de l'Assemblée nationale du Québec, le « Salon bleu », et en commission parlementaire. Ce sont donc, en quelque sorte, des mots tabous. Ce qui pose un réel problème quand on sait que les députés québécois ont ce privilège de pouvoir dire n'importe quoi dans l'enceinte du Parlement sans qu'ils puissent être poursuivis en justice. La liberté totale de parole est un privilège essentiel au bon fonctionnement d'un régime démocratique, permettant de contrôler l'action du gouvernement. Ne s'agit-il donc pas d'une forme de censure ? Pour le savoir, j'ai essayé de décrypter les critères sous-jacents ayant présidé au choix des mots et des expressions dites « non parlementaires ». J'ai relevé 6 catégories de critères. Je vais les présenter en me limitant à quelques exemples par critère. Sont interdits les :

1) mots et expressions vulgaires, sacres, etc. comme bullshit, con, connerie, crisse (juron ou, plus exactement, sacre courant, forme populaire de Christ), dégueulasse, branleux (quelqu'un qui hésite, tergiverse, ne choisit pas), gueuler.
2) mots et expressions blessants pour la personne à qui l'on s'adresse :
- accusation d'imbécilité : âneries, crétinerie, niaiseries; idiot, débile, innocent (imbécile, idiot, faible d'esprit), insignifiant (), deux de pique (comme la carte à jouer en question, pas très fort, pas très brillant), nono (imbécile, nigaud), tata (imbécile, nigaud), ti-coune (crétin, débile, retardé; nom d'un personnage déficient mental dans le feuilleton télévisé « Le temps d'une paix » présenté dans les années 80).
- ridicule : bouffon, clown, hurluberlu.
- arrogance : arrogant, hautain, méprisant, baveux (arrogant, prétentieux, insolent, crâneur, ramenard; le personnage de l'humoriste Martin Matte correspond assez bien à cette description).
- servilité : carpette, pantin, chien de poche (qui suit toujours et partout son maître, toutou; sous Louis XV, on disait « chien de manchon », une mode venue de Chine), yes-man (béni-oui-oui, godillot).
- inconstance : girouette, vire-capot (qui change d'idée, de religion, de parti; capot : grand manteau; cf. virer casque).
- incompétence : incurie, méconnaissance crasse.
- impuissance, pusillanimité : eunuques, poltron.
3) accusations de mensonge, d'hypocrisie, de rouerie : mensonge, mentir, menteries (courant au Québec; vieux ou régional selon le Petit Robert), mauvaise foi, demi-vérité, désinformation, fausseté, fausses informations, faux documents, duperie, fourberie, tartuferie, fin finaud (petit malin, petit futé).
4) accusation de malhonnêteté,  de fraude : malhonnête, malhonnêteté, aigrefin, arnaque, corrompu, faussaire intellectuel, fraude électorale, fraude intellectuelle, pickpocket, pot-de-vin, racket, tricherie.
5) accusation de camouflage : camoufler, camouflage, cover-up (anglicisme québécois; le fait d'étouffer une affaire), berner (la population), cacher (à la population), cachette (en), cachotterie, tromper (la population), déguiser (la vérité), dissimuler (des documents), manipuler, manipulation, maquiller, maquillage, omertà (loi du silence dans les milieux proches de la Mafia…).
6) accusations de favoritisme : favoritisme, copinage, népotisme, patronage (anglicisme québécois; favoritisme politique), politicien patroneux (qui pratique le « patronage »), petits amis du régime.

À la lecture de tous ces mots et de toutes ces expressions « non parlementaires », si l'on excepte les mots vulgaires (catégorie numéro 1) et les épithètes blessantes (catégorie numéro 2), on voit que cela concerne le rôle essentiel du travail des députés, le contrôle parlementaire sur le gouvernement, la dénonciation du mensonge, de la manipulation, du camouflage ou de la malhonnêteté toujours possible en politique. Alors on peut s'interroger : Comment exercer son rôle de député sans appeler un chat un chat, sans désigner par leur nom les mensonges, les manipulations, les cas de favoritisme, en utilisant toujours un langage aseptisé ? Toujours est-il que cette liste de mots et expressions « non parlementaires » doit forcer les députés à tourner deux fois leur langue dans la bouche avant de se lancer dans une accusation quelconque…

Niveaux de langue

Il est intéressant de remarquer que ces mots à l'index couvrent tout l'éventail des niveaux de langue, du vulgaire au plus élevé. Il comporte aussi beaucoup de mots et d'expressions propres au Québec, en particulier dans le registre familier, ce qui fait penser qu'on ne doit pas s'ennuyer sur les bancs de l'Assemblée nationale…

Exemples de québécismes familiers : 

- des noms comme boîte (fermer sa boîte; se taire, fermer son clapet), chien de poche, deux de pique, gorlot (individu original, plaisantin, fanfaron, niais, imbécile), menteries, niaiseries, patronage, sépulcre blanchi (hypocrite), vire-capot;
- des adjectifs comme baveux, fin finaud, innocent, nono, patroneux, tata, ti-coune.

- les inévitables anglicismes comme bullshit, cheap, cover-up, patronage, peddleur (colporteur, marchand ambulant, marchand qui joue des prix), yes-man, parler des deux côtés de la bouche (calque de to speak of both sides of (one's) mouth; exprimer des opinions contraire pour essayer de plaire à tout le monde; tenir un double discours, dire une chose et son contraire, ménager la chèvre et le chou). 

 

Exemples de mots de niveau de langue élevé : arrogant, cabotin, eunuques, faussaire intellectuel, hautain, incurie, népotisme, tartuferie.


Mots en –ie

Les mots au suffixe –ie ne semblent pas avoir la cote à l'Assemblée nationale. Parmi les mots tabous, j'en ai repérés une bonne vingtaine : ânerie, bigoterie, bonimenterie (voir ci-dessous), bouffonnerie, cachotterie, cochonnerie, conneries, crétinerie, démagogie, fourberie, hypocrisie, incurie, menterie, niaiseries, picasserie (voir ci-dessous), pitrerie, supercherie, singeries, tartuferie, tricherie, tromperie, sans compter trickery (anglicisme; ruse, supercherie).

Mots comiques

On relève dans ces Recueils des allusions, des comparaisons comiques :

- Ding et Dong (en parlant de deux ministres). Ding et Dong était un duo humoristique québécois, Serge Thériault (« Ding ») et Claude Meunier (« Dong »), reconnaissables à leurs habits en peau de vache.
- Dupont et Dupond (en parlant de deux députés). Deux personnages des Aventures de Tintin d'Hergé. Les Dupond et Dupont sont extrêmement naïfs, manipulables et peu discrets. Ils font preuve de peu de compétences dans leur métier de détective.
- Lucky Luke du Twitter. Lucky Luke est une série de bandes dessinées belges de western humoristique créée par Morris. Son slogan est célèbre : « L'homme qui tire plus vite que son ombre ».
- Madame la marquise (en s'adressant à la Première Ministre).
- Mario-nette. Certainement à l'adresse d'un politicien connu prénommé Mario. Je n'en dirai pas plus.
- Le mousquetaire de Joliette. Allusion aux Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, D'Artagnan, Athos, Porthos, Aramis.
- Pinocchio. Allusion au personnage de fiction, héros du roman pour enfants Les Aventures de Pinocchio écrit en 1881 par le journaliste et écrivain italien Carlo Collodi. Son nez (à Pinocchio!) s’allonge à chaque mensonge…
- Ponce-Pilate. Citoyen romain, préfet de Judée. Il est connu pour avoir, selon les Évangiles, ordonné à l'issue du procès de Jésus l'exécution et le crucifiement de ce prédicateur juif. Il livra Jésus aux Juifs, en se lavant symboliquement les mains (d'où l'expression « s'en laver les mains », c'est-à-dire décliner toute responsabilité).
- Shylock. Usurier juif du Marchand de Venise (1596-1597), pièce de Shakespeare.

Un mot intéressant

Bonimenteries. C'est un mot-valise, c'est-à-dire un mot né d'un amalgame, d'une fusion, d'un télescopage de deux mots préexistants. Le créateur du mot mot-valise, en anglais portmanteau word, est Lewis Carroll, auteur d'Alice au pays des merveilles. C'est une allusion à un type de valises populaire au XIXe siècle, des valises verticales qui, en s'ouvrant, laissaient voir deux compartiments dans lesquels on pouvait pendre des manteaux, des vestons ou des pantalons. Comme une valise porte-manteau, un mot-valise à deux parties, prises chacune à deux mots différents. Remarquons en passant que le français mot-valise est un calque de l'anglais portmanteau word et que l'anglais portmanteau word est un emprunt partiel au français. Comme quoi les destins de ces deux langues sont très liés.

 
Valise-porte-manteau Louis Vuiton
Les anglophones ont beaucoup exploité ce mode de formation de mots nouveaux. Exemples : brunch (breakfast + lunch), Brexit (Britain + exit), qui s'est décliné en Frexit, Italexit, etc.
Le français s'y est mis plus tard, mais l'exploite désormais à plein. Exemples : franglais (français + anglais); adulescent (adulte + adolescent); alicament (aliment + médicament); bobo (bourgeois + bohème); au Québec : parlementeries (Parlement + menteries), une émission de TVA; clavarder (clavier + bavarder).
Le mot bonimenteries est une réussite. Seulement c'est presque un hapax, un mot isolé dans un corpus donné. Dans l'ensemble de la presse québécoise, il n'apparaît que trois fois. Les Bonimenteries sont le titre d'une pièce de théâtre de Sandra Parenteau, Nathalie Valiquette et François Trudel (1995). C'est aussi la date de sa première occurrence dans le corpus de la presse québécoise. On peut supposer qu'ils en sont les créateurs.
Picasserie : Ce mot figurant dans la liste des mots « non parlementaires » n'est attesté dans aucun des principaux ouvrages lexicographiques du français québécois. La seule trace qu'on en trouve est sur Internet, où il est dit que picasserie signifie tourment en dialecte angevin. On peut proposer d'autres hypothèses. Par exemple un lapsus, picasserie au lieu de picosserie (lui-même est un hapax). Ou encore un mot-valise picasserie pourrait être composé de picosser + agacerie. Affaire à suivre…

Mots-clés : Assemblée nationale du Québec; Recueils de propos non parlementaires; français québécois; analyse.



(1) J'ai présenté ce sujet dans le cadre de l'émission Là-haut sur la colline, segment Les maux des mots, d'Antoine Robitaille à Qub radio, émission du 16 novembre 2018, à partir de 24.00. Lien :
(2) Euphémisme : figure de style qui consiste à atténuer l'expression de faits ou d'idées considérés comme désagréables dans le but d'adoucir la réalité.