01 mars 2017

Doit-on dire « bannière » ou « enseigne », « bannière » ou « banderole », « bannière » ou « bandeau »?

On observe dans les médias québécois trois emplois du mot « bannière » dans une acception incorrecte sous l'influence de l'anglais banner.
Dans le premier cas, il s'agit de désigner un bandeau publicitaire qui défile sur une page web ou tout autre document numérique. Cet emploi fautif se rencontre aussi en Europe francophone. En voici un exemple québécois :
« Le premier [jeu sur téléphone portable] se nomme Bounce. Il est gratuit avec une bannière publicitaire qui s’affiche au bas de l’écran. » (JM Techno, 26 février 2015). En réalité, il s'agit ici d'un bandeau publicitaire.
Dans le deuxième cas, il s'agit de nommer la raison sociale d'une société commerciale ayant plusieurs établissements, autrement dit, le nom sous lequel elle est connue du public. Par exemple Couche-tard, Jean Coutu, etc. Voici un exemple d'emploi fautif :
« L'opposition à l'Hôtel de ville a présenté ce matin une compilation des variations de taxes de nombreux commerces installés à Montréal. Leurs [sic] chiffres indiquent que plusieurs grandes bannières ont obtenu une baisse de taxes après avoir vu la valeur de leurs bâtiments réévalués à la baisse. » (La Presse, 28 février 2017). En réalité, il fallait dire plusieurs grandes enseignes.
Dans le troisième cas, il s'agit de désigner une bande de tissu portant une inscription (politique, syndicale, commerciale ou autre). Voici un exemple fautif :
« L'Association québécoise des centres de la petite enfance […] dénonce vivement les compressions de 120 millions $ annoncées par le gouvernement. La campagne a été lancée avec le dévoilement de la bannière qui sera installée devant certains CPE. » (Le Peuple, 14 janvier 2017). Dans ce cas, il fallait dire la banderole.
Dans ces trois cas, il y a un point commun : il s'agit de désigner un support (en tissu, en bois, en métal, en plastique) portant une indication (marque personnelle, marque d'une confrérie, d'une paroisse ou d'un commerce). En français, on distingue trois cas.
La bannière de Jeanne d'Arc.
Bannières d'une procession religieuse.
Le mot bannière désigne au sens propre : 1. l'enseigne d'un seigneur à la guerre - La bannière de Jeanne d'Arc 2. l'étendard porté dans une procession religieuse ou par une confrérie - La bannière de la paroisse, de la confrérie; au sens figuré, on dira que les partisans d'un parti ou d'une cause se sont réunis sous la bannière de ce parti ou de cette cause.
Le mot banderole désigne une grande bande de tissu portant une inscription (à caractère commercial, politique, syndical, humanitaire, etc.) – Le propriétaire a placé une banderole pour annoncer l'ouverture prochaine de son magasin. Les manifestants ont déployé des banderoles pour exprimer leurs revendications. Dans ce cas, on dit aussi, mais plus rarement, calicot.
Une banderole.

Le mot enseigne désigne 1. un panneau portant une inscription ou un dessin placé à la devanture d'une boutique pour attirer l'attention des clients - Les boutiques du vieux Québec ont de belles enseignes à l'ancienne 2. la raison sociale d'une entreprise commerciale dont dépendent plusieurs établissements - Alors que les petits commerces restent dans le centre-ville, les grandes enseignes s'installent dans la banlieue.
Une enseigne du vieux Québec.

Exemples de grandes enseignes : Costco, Couche-tard, Jean Coutu, McDonald's, Ikea, Petro-Canada, Starbucks Coffee, Wall-Mart, etc.
 
Une grande enseigne américaine, la société Starbucks Coffee.



Le mot bandeau désigne la zone d'une page web où s'affiche un message publicitaire.
Bandeau publicitaire.
Mots-clés : français; français québécois; impropriété; anglicisme; anglicisme sémantique; bannière; bannière publicitaire; enseigne; banderole; calicot; bandeau.

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